a project by John Sanborn
Commissioned by
Jeu de Paume, Paris
for their Espace Virtuel
June 27 - November 2019
Museum Night September 17 at 19h
A conventional self-portrait is a depiction of an artist that is written, drawn, painted, photographed, recorded, or sculpted; by that artist. The process of presenting a version of self expresses what IS—reflected by disambiguated reality—transformed by intent and technique. So, the question is: can you define yourself using negative space?
Our definition of negative is emptiness or a void—but as with music or design, the inverse verifies the positive. One cannot know joy without pain. By creating NONSELF, I offer evidence of consciousness, constructed from the negative space that surrounds me. It’s easy to state what IS—but the impression made from what IS NOT speaks to what is “not me” as well as our current understanding of “truth”.
While I find inspiration in examining myself (“me”), a more motivating and productive strategy is to search outside “me”, into the diverse and complex set of morals and consequences that are “not me”. The orbit of “self” constricts growth, so defying the gravity of ego is essential.
By embracing all I am not, my awareness of “me” expands and mutates—demanding that I develop and extend my artistic goals to enrich my voice and myself. In this way “not me”—the unexplored space that silhouettes my identified consciousness—is an enhanced way to adjudicate a portrait of who I am and how I got here.
This is a personal attitude that has political implications—and a political tactic with intimately personal impact. NONSELF relates to storytelling as it describes how we invent ourselves via the stories that we use to form our memories. As narrators, or portraitists, we can be unreliable—or downright liars. We mold how we represent ourselves, and ask that we be taken at face value. Then, is it possible to use a negative impression to evaluate a human being?
NONSELF is comprised of a series of 110 short videos each of which uses “not me” attributes, attitudes and perspectives to create an inverted self-portrait. They are not lectures or prose, but elusive moments and fleeting feelings captured in video and woven together by audience interaction.
In our real lives, we are different people every day—sometimes honest, or diffident, or avuncular—depending on so many transient elements. If the viewer does nothing when viewing NONSELF, the videos play in a “random” order. Prompts are offered (also selected using a randomizing algorithm) so that when they interact, they build their own version of NONSELF—so close to nonsense but true.
Part of the amusement value in NONSELF is wondering what is true and what is NOT.
‘over and over I get to know myself’
le chemin vers NONSELFde John Sanborn
Lors d’une conversation avec Bruno Latour au ZKM en 2018, nous évoquions, John Sanborn et moi, sa question soulevée dans ‘Nous n’avons jamais été modernes’, d’où situer l’humain lorsque son histoire et son anthropologie sont si diverses. Au cours des cinq dernières années, Sanborn s’est mis en quête d’une réponse à travers une écologie de portraits et d’autoportraits tracés par les enjeux d’une diversité en péril dans l’Amérique du 21ièmesiècle. Un parcours dont l’œuvre interactive Nonself n’est pas l’aboutissant mais plutôt un symptôme qu’on aurait enfin identifié. Celui de la reconnaissance de tout ce qu’il n’est pas en étant cet artiste blanc hétéro venu du siècle précédent.
De ce siècle, Sanborn amène avec lui un héritage multiple, qui comprend ce que lui ont appris Nam June Paik, pilier de l’art vidéo, et le compositeur Américain Robert Ashley, avec lequel il réalisa le mythique ‘Perfect Lives’, soit un apprentissage de la culture nomadique façon Paik et d’un regard sur l’Amérique profonde via Ashley.
Dès la fin des années 70, Sanborn rejoint une génération de créateurs qui vont dessiner les repères institutionnels de ce nouveau médium, aux côtés de Bill Viola, Dara Birnbaum, Gary Hill et quelques autres. Chacun d’entre eux/elles se distingueront par une fusion entre une quête formaliste et un champ thématique. Chez Sanborn, on décèle rapidement un virtuose du montage et des promesses de la post-production se tournant vers les arts scénographiques, la danse, la musique, le théâtre, et des collaborations avec Twyla Tharp, Mikhail Baryshnikov, Bill T.Jones, Ashley, John Zorn, the Residents, Terry Riley, Meredith Monk…
Des monobandes présentes désormais dans les musées du monde entier.
Pourtant, Sanborn souhaite explorer de plus près les possibilités de ces nouveaux outils et s’éloigne dans un premier temps du milieu de l’art pour tenter une exploration d’un autre environnement technologique, arpenter celui de la télévision. Un geste qu’il répète au tournant des années 90 en se déplaçant de NYC vers San Francisco à l’aube de la révolution numérique et de ses start-ups. Il signe au cours de ces années une série de vidéos qui tracent les méandres identitaires de cette Amérique, des années Clinton à celles de Obama. Sanborn continue de créer tout en étant au cœur de l’entreprise, un monde qu’il quittera après 2010 pour se consacrer à une nouvelle pratique d’installations et d’autoportraits. Et retrouver un milieu qui s’est transformé à son tour, qu’il lui faut naviguer autrement. Depuis 2014, Sanborn aura enchaîné commandes et expositions en Allemagne, en France, au Japon et en Thailande, au Qatar, et en Amérique.
NONSELF, que nous découvrons grâce au Jeu de Paume, célèbre tout ce que l’artiste n’est pas, ne saurait être, à commencer par les combinaisons de clips assemblées par ceux qui se prêteront au jeu, admettant que tout cela, notamment ce fléau Trumpien, ‘ce n’est vraiment pas moi’.
Stephen Sarrazin
Tokyo, juin 2019